Silvain-Sucellus dieu forestier romo-gaulois Musée de Javols |
L’erreur des démocrates est de croire que leur vérité en soit une pour tout le monde, et force l’adhésion.
André Suarès (1868-1948), Trois hommes, Moi et Démocratie
Cette question est à la fois saugrenue, dérangeante, troublante, malvenue, intéressante, humoristique, inutile, importante, déplacée, malsaine, incontournable, mais surtout, elle est fondamentale. Du côté de ceux qui contribuent à la pérennité de l’idée gabale, qui maintiennent allumée la flamme de l’identité gabalitaine, qui veulent perpétuer l’existence géographique, linguistique, culturelle de la Lozère, pour les identitaires-à-terre qui ont toujours les pieds plantés dans ce matriciel mélange rassurant, gras et odorant de terre agricole et d’engrais naturel, et la tête dans l’azur limpide et cristallin qui tel une cloche à fromage protège notre mère patrie des agressions extérieures, nous répondons sans ambage et sans ambiguïté : oui. Et ce n’est pas une affirmation gratuite, c’est un constat. Gratuit lui aussi d’ailleurs, car il est hors de question de monnayer nos réflexions et arguments, très sensibles que nous sommes à ne pas chatouiller le caractère du montagnard qui a le porte-monnaie délicat et près du cœur.
Le lozérien a un caractère doux, enjoué et primesautier |
Supérieur, oui donc, mais sur quel plan ? Pas dans un plan sur la comète. Le lozérien est trop terrien du terroir pour étayer ses caractéristiques déjà atterrantes et spartiates de considérations spatiales extraterrestres. Alors d’ou le Lozérien tire t-il cette supériorité ? De la génétique ? A ce jour, rien ne permet de le dire. Tout au plus on peut supposer que les millénaires passés d’une vie rythmée par les impératifs de l’économie rurale, au grand air, avec une nourriture saine et une activité physique intense, ont permis à l’homo-lozerianis de développer une résistance active aux divers microbes, bacilles, virus et de limiter la mortalité induite par la rencontre avec ces agents pathogènes. Ces pures supputations sont toutefois démenties par les chiffres connus concernant les épidémies de peste et de grippe espagnole.
Le Lozérien est-il intellectuellement supérieur ? Délicate question qui tient déjà à la nébulosité et la volatilité du concept de l’intellect. Si l’on s’en tient à l’intelligence, qu’en est-il du Lozérien. Est-il plus, moins ou autant intelligent que les autres ? Comment le mesurer ? On voit vite que la discussion s’avance en terrain mouvant, sur une pente aussi savonneuse qu’un toit de lauzes recouvert de neige gelée. Quant à tenter d’établir une proportion entre la population et le nombre de personnages « illustres », au-delà du peu de rationalité d’une telle méthode, on verra vite qu’elle ne plaidera pas vraiment notre faveur. Et qu’est ce qu’un personnage illustre ? Un esprit éclairé comme au siècle des lumières ? On connaît des sombres idiots illustres et des personnages ténébreux célèbres. La lueur de l’intelligence éclaire les yeux de parfaits inconnus, alors que d’obscurs abrutis brillent par leur bêtise. Toutefois, en catégorie militaire, comment ne pas citer le vice-amiral Jacques Choupin natif de Saint-Chély d'Apcher, qui fut pacha du porte-avions Foch avant de terminer sa carrière comme commandant supérieur des forces armées en Polynésie française, de 1980 à 1982, et Augustin Trébuchon, né au Malzieu-forain, berger à Saint Privat du Fau et dernier mort officiel de la 1ère guerre mondiale.
Toit de lauze enneigé, terrain glissant - Laubert |
Le Lozérien est-il spirituellement supérieur ? Si on entend, et nous ne sommes pas sourd à cet argument, par spiritualité la proximité de l’âme avec des instances d’inspiration divine, alors on peut avancer, après avoir pris un peu de recul, que quelques Lozériens sont supérieurs : Guillaume de Grimoard par exemple, qui termina sa carrière à Avignon avant d’être statufié à Mende en pape Urbain V. Et aussi tous ces croyants reliés aux voies de leurs divers panthéons dont ils tiraient une foi qui permis aux précurseurs du néolithique d’ériger leurs nombreux et pesants mégalithes sur le causse de Sauveterre et sur le Méjan, sur la cham des Bondons et jusqu'en Margeride, aux celtes d’aménager de nombreuses clairières de culte, aux catholiques de bâtir force chapelles, églises et une cathédrale, et aux protestants de protester, résister et s’imposer face aux oppressions. Une parenthèse : tous ces gens de grande foi n’en ont toutefois pas eu assez pour déplacer les montagnes et rompre cet isolement si décrié par les pourfendeurs de l’enclavement géographique. Néanmoins, il s’agit la d’une supériorité dans les actes, une supériorité du « faire » et non du « être ». Distinction qui a son importance, tant il est vrai qu’à l’âge du « faire », on abat beaucoup d’êtres, avec une hachante délicatesse qui n’est pas sans rappeler l’âge du bronze.
Mégalithes - menhirs de Roumaldis, causse de Sauveterre |
Alors, finalement, d’où le Lozérien tire t-il cette supériorité ?
Tout bonnement de cette acrobatique figure de science politique qu’est la démocratie parlementaire. Vous savez ce que je pense de ces subtils artifices nés dans les antiques cités grecques, qui permettent aujourd’hui aux colonisateurs parisiens de maintenir leur pouvoir chez nous. N’empêche qu’une étude des circonscriptions électorales montre que s’il faut 200 000 têtes de veau pour avoir un parlementaire, il suffit de 79 999 (estimation 2013) lozériens pour avoir un député. Pas de quoi être dépités, pour une fois ! Donc, pour reprendre chiffres et exemples de l’étude, un (1) électeur lozérien vaut environ trois (3) électeurs du Val d’Oise. Parce que ces derniers sont oisifs ? Non ! Car le lozérien est dans ce domaine supérieur, alors que nous sommes des nains démographiques*. Mais la politique c’est mystère et boules de gnomes.
Podium de la supériorité démocratique |
Ne faisons cependant pas un complexe de cette supériorité qui nous échoie et qui nous est chère, on finirait par nous le reprocher.
A propos de Jacques Choupin
A propos d'Augustin Trébuchon
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