La
vie est une espèce de restaurant coûteux où l'on finit toujours par
vous remettre l'addition, sans qu'il faille pour autant renier ce qu'on a
savouré avec bonheur ou plaisir.
Arturo Perez-Reverte, Le Tableau du Maître flamand
Arturo Perez-Reverte, Le Tableau du Maître flamand
Chronique de l'arrivée du clown Ronald en pays gabale, qui débute en l'an de grâce 2003.
I - Le projet
II - Un défi à la Lozérianité
L’installation d’un Mc Do en Lozère est un défi à la lozérianité. Les choses peuvent se passer de plusieurs manières. Il y a tout d’abord les actions légales qui vont être entreprises par les fils naturels de Dominique Voynet et du géant vert et consorts. Peu de chances de ce côté là, les lois françaises qui s’appliquent (pour le moment) en Gévaudan permettent à qui le veut d’ouvrir commerce là où il le désire. Il se peut aussi que suivant l’exemple de nos voisins Ruthènes d’Aveyron, le fast-food soit démonté. Le colosse de Rodez pourra à cette occasion prêter main forte. Solution peu adéquate à moyen terme quand on constate que par une perverse publicité, c’est l’effet inverse à celui escompté qui se réalise. Le Mc Do de Millau est devenu un lieu touristique, et les démonteurs, très remontés, ont été descendus en cul de basse-fosse.
Quand l'irrespect publicitaire confine au crime de lèse-nourriture |
Par contre, un phénomène intéressant peu se produire, mais dans deux sens radicalement opposés. Soit la Lozère se Mcdonaldise (schéma classique), soit, (hypothèse idéale), c’est le Mc Do qui se lozérianise, chose qui m’a t-on dit se voie dans quelques pays. Dans ce dernier cas, face à un sentiment culturel très fort des autochtones, l’exploitant exploiteur du fast-food doit s’adapter aux goûts locaux en proposant des mets traditionnels. La population lozérienne peut ainsi boycotter les produits de Ronald Fuck, jusqu’à ce que celui-ci instille au coté de ses menus globalisés, un menu gabalisé avec un choix de quelques plats basés sur des recettes locales et élaborés avec des produits du terroir eux-mêmes issus de l’activité gabale des agriculteurs, éleveurs, cuisiniers etc. La gabalisation est donc une intéressante alternative à la globalisation, profitable aux palais, estomacs et acteurs économiques locaux. Nous pourrions ainsi avoir des sandouiches de pain de seigle et non l’insipide petit cône, de l’aligot à la place du cheddar, de l’onglet ou aloyau d’Aubrac en guise de steak, des lentilles et non plus des potatoes (prononcer poteïtozeu), des tulipes à la crème de marrons remplaçant les brownies etc.
La dernière mesure, peut être la plus symbolique est d’accorder le nom du fast-food au terroir d’accueil afin de ne pas ternir le sol de celui-ci. Ainsi en Gévaudan, Mac Donald devrait être rebaptisé Mac Anourgue, ce qui donnerait une touche géographique locale, Mac Ereau à Marseille ou Mac Abanne au Canada.
De toutes façons, ne nous y trompons pas, la restauration rapide est un signe évident de modernité dans ce qu'elle peut avoir de plus pervers comme effets secondaires. Les quantités écoulées imposent une production toujours plus importante et plus rapide. Pour répondre à la demande, l’agroalimentaire a par exemple modernisé les vaches en en les rendant carnivores, folie qu’il leur a mis un pis dans la tombe.Ce qu’on appelle aller de mal en pis.
Contre l'installation de Ronald, certains ont tenté le démontage. Bataille médiatique gagnée mais guerre perdue. |
Plutôt que de jouer la santé publique à la roulette russe comme cela se fait à la Tsar-académie et pour éviter de commettre un impair, le Maire aurait pu donner des repères alimentaires élémentaires, comme le fait son confrère le cher Docteur Watson. Au lieu de ça, il se fourvoie dans une rengaine incroyable aux relents libertaires. Avouez qu’appliquer l’interdiction d’interdire, vieux slogan de 1968, à un symbole du libéralisme contemporain, c’est un peu fort de coffee. Bakounine, Louise Michel et Auguste Blanqui, du fond de leurs tombes vont avoir du mal à avaler ces salades. L’anarchie culinaire, c’est la soupe populaire par souci des miséreux. La distribution, payante et chère de chère pas bonne, c’est en quelque sorte nous refaire le coup de l’auberge de Peyrebelle, repaire où le consommateur appâté finissait en chair à pâté. Mais l’impair est malléable. Il est toujours temps que le Maire démêle le bon grain de l’ivraie. Il est vrai que le bon train de la modernité pour le Gévaudan ne peut passer que par la gare de la Saine Nourriture Certifiée Fraîche et non pas dans le gain facile d’amères thunes poussant sur une jachère gastronomique. Il ne s’agit pas de tomber dans un sectarisme qui ne s’amarrerait qu’à une nourriture gabalement cachère car l’amarre est chère, mais il ne faut pas non plus sacrifier l’agneau de Dieu sur l’autel des ventes, et il n’y a que du bœuf dans les hamburgers. Si le temps du veau d’or s’abat sur la Lozère, on va être dans la mouïse.
Ceci dit, la formulation choisie semble surtout relever d’un verbal effet Maire. Souhaitons que ces projets restent aussi chimériques qu’éphémères. Sinon, que diront les générations futures du Maire d’alors ?
Ceci dit, la formulation choisie semble surtout relever d’un verbal effet Maire. Souhaitons que ces projets restent aussi chimériques qu’éphémères. Sinon, que diront les générations futures du Maire d’alors ?
Lozérix – En chair et en hausse
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