vendredi 24 janvier 2020

Au temps béni des colonies ?

INA - Capture d'écran - Élèves d'une école lozérienne en 1961



Il faut se méfier des bons sentiments. Ils nourrissent les pires erreurs.
 Carl von Clausewitz, De la guerre





Voila un stupéfiant reportage de 1961, dans lequel on peut entendre le Président de la chambre d'agriculture de l'époque qui demandait à ce que la Lozère, alors connue comme le désert français soit dotée d'un statut colonial. On découvre aussi des suggestions surréalistes, comme cette proposition faite aux paysans d'être regroupés dans les vallées pour limiter l'éloignement ! Comme on le voit tout au long de l'émission, la Lozère a vraiment failli être une réserve d'indiens. Vidéo de l'INA

Cinquante ans après, les choses évoluent peu. Malgré les plans de désenclavement du Massif Central, la communication massive autour du tourisme, les efforts pour attirer de nouveaux habitants, la marche du monde semble ne pas avoir besoin des territoires comme le notre. Peut-être la Lozère sera t-elle une terre de refuge après les effondrements climatique, politique et civilisationnel qui nous guettent ? Option qui selon la tournure que prendront les choses n'est d'ailleurs pas la plus souhaitable.

En attendant, retour vers le passé : voir sur le blog :
Isolement des populations : La Lozère est-elle une réserve d'indiens ?
Voies de communications : On n'entend plus siffler le train
Évolution démographique : Fromage ou désert
La lozère reléguée au rang de terra incognita : La Lozère, cette inconnue ?


Remarque sur le titre
" Au temps béni des colonies " est une chanson de Jacques Abel, Jules Revaud, Charles Sardou & Pierre Delanoe, interprétée par Michel Sardou en 1976. Avec cette chanson, Sardou se mettait dans la peau d'un ancien colon nostalgique d'une époque qu'il considère dorée. Alors que l'artiste plaide la caricature, il est taxé de racisme et d'apologie de la colonisation, notamment à cause des paroles suivantes : « Autrefois à Colomb-Béchar, j'avais plein de serviteurs noirs et quatre filles dans mon lit / Au temps béni des colonies. » La plupart des radios refusent de passer le single. Michel Sardou était revenu sur le sujet le 26 novembre 2012, déclarant au JDD : « Je jouais juste le rôle d’un mec à la Audiard, qui balance sa nostalgie du bon vieux temps. Mais je savais que ce texte allait provoquer, et ça m’amusait. »

Paroles alternatives :

Moi monsieur j'ai fait la colo,
Florac, Conakry, Bamako.
Moi monsieur, j'ai fait Saint-Chély,
Au temps béni des colonies.
Les guerriers m'appelaient Grand Chef,
La tour d'Apcher était ma nef,
J'avais des ficelles au képi,
Au temps béni des colonies.
 
Moi monsieur j'ai tué des loups,
En Gévaudan et en Lozère,
Des sangliers un peu partout,
Au temps béni des colonies.
Entre l'aligot et les jambons,
Les réceptions au saucisson,
J'étais bien loin de la misère,
Au temps béni des colonies.
...

mercredi 22 janvier 2020

La légende des seigles




En résumé, l'agriculture pollue l'eau à grands coups de nitrates, de phosphates et de pesticides, et les consommateurs paient non seulement leur nourriture, les aides aux agriculteurs, mais aussi la facture de dépollution.
Isabelle Saporta, Le livre noir de l'agriculture




O combien de moisson, ô combien d’épis murs
Sont emporté au loin des champs et des cultures
Vers des silos à grains ou des machines à moudre
A fin que de la faim il ne faille en découdre

Blé d’or, blé noir, son, orge, seigle sarrasin,
Toutes ces céréales dont on fait si bon pain
Menacées dans leur chair par des agents tueurs
A la solde de l’agroalimentaire affameur

Des firmes nous menacent jusque dans nos assiettes
De produits ogm dont on tait l’étiquette
Des apprentis-sorciers œuvrent à leurs services
Tristes scientifiques, pauvres agents de sévices

Ils ont commencé par modifier le maïs
Poursuivant l’action en transformant le soja
Le pire est que tout cela se fait par malice
Car si tout se savait on mettrait le haut-la.

Insecticides et pesticides emplissent la campagne
Empoisonnent les sols, les eaux, nos fils et nos montagnes
Tuent les insectes, les oiseaux jusqu’à la terre-mère
changeant son ventre fécond en stérile désert

A quoi servent vraiment les produits transgéniques ?
Si se n’est à enrichir de mercanties pratiques
Le naturel sera t-il englouti comme Ys ?
Haro sur les coupables, haro sur leur bêtise.

Haro sur ces baudets, ces ânes, ces jean-foutres
Qui n’ont qu’or dans le cœur et dans l’œil une poutre
Qui voudraient que nos corps soient le terrain propice
des louches manigances des savants leurs complices

O seigle de Lozère, gévaudane tartine
O pain de tradition, millénaire farine
Devrons nous tant souffrir et voir cette infamie
que manger leur venin dans une infâme mie ?


Lozérix – La mie des petits jeunes et des aînés