A gauche, Robert-Louis Stevenson sur l’ânesse Modestine demandant son chemin à un autonomiste lozérien à cheval Daguerréotype de 1879 |
« Soldats, songez que du haut de cet oppidum, quatre siècles vous contemplent. »
harangue avant la bataille de Gergovie en 52 av. JC.
Petite étude du courant autonomiste/indépendantiste/souverainiste en Lozère. D’après les archives de plusieurs journaux d’investigations et divers ouvrages sur les réseaux régionalistes en France, plus particulièrement dans le sud du Massif Central, on distingue la filiation suivante :
Le FLL (Front de Libération de la Lozère) apparait comme le mouvement autonomiste historique. Dans la genèse du FLL il faut tout d’abord citer pour leurs rôles courts mais déterminants, la M.A.M.A.N. (Mouvance Active Margeridienne pour une Autonomie Nouvelle) et le P.A.P.A. (Parti Aubracois Pour l’Autonomie), qui étaient membres fondateurs du FLL lors de la réunion constituante du 31 mars 1976, mais qui ont quitté l’alliance dés le 01 avril 1976, face à ce qu’ils considéraient comme une sur-représentation du C.U.L.O.T. (Cévennes Unies pour une Lozère Occitane Transpartisane) qui détenait 30% des sièges alors qu’ils ne représentaient que 25% du département. Cette défiance des Nordistes face à l’intransigeance des Sudistes, alors que la ligne de fracture suivait le cours du Lot, explique que si la rhétorique revendicative du FLL contemporain fait toujours la part belle au nord en plaçant son État-major à Recoules-de-Famas, village connu pour sa manufacture d'armes qui fabrique un célèbre fusil d'assaut, il semble bien que sur le terrain, au regard des actions revendiquées, les fractions du sud aient été les plus actives. Quant à la F.I.L.S. (Fédération Indépendantiste pour la Lozère Souveraine), noyauté dés 1977 par l’évêché de Mende sur ordre de l’archevêché de Clermont-Ferrand qui voulait contrer l’influence protestante du sud, elle n’a jamais dépassé comme agissements, le stade de l’excommunication des autres indépendantismes, au nom de son allégeance au catholicisme romano-avignonnais tel qu’il a été fixé par Urbain V en 1368 dans son encyclique « De autonomica pagus gabali et quid religare deus est ». Le cycle de sigles se termine avec le F.I.L.L.E. (Faisceau Institutionnel des Lozériens Loyalistes Européens) au positionnement politique totalement indiscernable et aux légendaires bombages des blocs erratiques le long de la N106 de slogans au patois approximatif (comme à Serverette sur les « trois fromages » en 1977 où fut inscrit « voléme vioure ale pastis »). Heureusement, son influence néfaste n’a jamais pénétré qu’un cercle très restreint d’initiés, non-natifs de surcroît, ce qui suggère une manipulation barbouzarde et sodomite d’officines parisiennes et d’un conseil général voisin dont les membres sont connus pour leur consommation immodérée d'anisette.
Le rocher de Saint Jean à Serverette, parfois nommé " les trois fromages" |
Poursuivant dans les arcanes de l’histoire lozérienne, on en apprend de belles. L’événementiel occulte est si riche en Lozère, que de nombreux auteurs à succès ont révélé les résultats de leurs découvertes, mais celles-ci bouleversant tellement l’image de tranquillité sereine voire de conservatisme du département, qu’afin de se protéger, ils le firent à mots couverts. Ainsi Jean-Claude Bourrée, qui en plus d’avoir été présentateur vedette du JT de 20h, d’avoir des accointances vers Grandrieu, d’être un spécialiste des danses auvergnates, a été le premier à faire état du monde souterrain de l’activisme gabalitain (on ne dit pas gévaudanais). Son livre paru aux éditions France-Empire en 1976 -la date n’échappera à personne- au titre racoleur « Le nouveau défi des OVNI », dissimule sous un habile tissus de considérations co(s)miques sur l’existence avérée d’une vie extraterrestre qui visiterait notre planète à bord d’engins spatiaux régulièrement aperçus, ni plus ni moins que les ambitions séparatistes d’une mystérieuse Organisation des Vengeurs Néo Identitaires – sise aux Bondons, commune abritant d’après J.-C. Bourrée la principale cache d’armes des conjurés. Page après page, de découverte sensationnelle en scoop volant, avec l’efficacité et la rigueur d’un Champollion matiné de Dan Brown, les secrets d’un Codex de Bello Lozerii sont révélés. On découvre que les visées nationalistes ne datent pas d’aujourd’hui, mais plongent leurs racines et radicelles au plus profond de l’histoire locale. Ceci dit, l'OVNI restera l’allégeance du siècle à l'autonomisme lozérien, même si son caractère complotiste et sectaire laisse penser que seuls de rares cinglés ont embarqué dans cet esquif cinglant vers d’hypothétiques rivages libres de la Lozère. Ce sigle restera la cible de tous les autres militants, l'accusant de discréditer la cause. Ils sont aidés en cela par la réputation fragile de l'auteur qui s'est plusieurs fois fourvoyé sur d'autres recherches. Par exemple, la bête du Gévaudan serait selon lui, un hybride entre un loup et un descendant des chiens de combat des armées romaines ! Non mais, je vous demande un peu...
Le livre de J.-C. Bourrée, paru en 1976 |
A ce moment, comme le veut la tradition, la pastourelle de Lozère de l'année, entourée de miss Mende et de ses deux dauphines (gordini ou pas), élues lors des grandes fêtes de ladite ville, déclame la formule rituelle : " Femmes, ouvrières et paysannes, c’est les larmes chaudes de la fierté qui inondent les rudes rides qui sculptent vos visages depuis que le monde est monde, en voyant partir vos maris fils et pères vers une nouvelle épopée. Entonnons les chants de marche au son de l’accordéon : la victoire en chantant nous ouvre les barrières (qu’il faut refermer derrière soi) et la libre bourrée guide nos pas. Le piano à bretelles arme nos bras vengeurs et c’est dans l’allégresse que nous susons (aller sus) à l’ennemi. Ils ne passeront pas !
Lozérix - Des hauts nids d’as au défilé des terres mobiles
Spécialité lozérienne à base poisson en souvenir des morues de Nîmes |
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