mardi 13 mai 2025

Un pont pas trop loin


Il faut des monuments aux cités de l'homme, autrement où serait la différence entre la ville et la fourmilière ?
Victor Hugo, Choses vues

 L'établissement de la ligne Marvejols à Neussargues a entraîné la construction d'un certain nombre d'ouvrages d'art remarquables par leurs dimensions. Le plus audacieux est sans nul doute le viaduc de Garabit. Il a permis de relier à niveau et par le chemin le plus court les deux plateaux qui dominent, à plus de 100 mètres de hauteur, le lit de la Truyère.
Le viaduc suscita l'étonnement et l'admiration bien méritée de ses contemporains. Il fut célébré par l'édition d'innombrables cartes postales et de nombreux articles où l'on rend hommage au viaduc en ces termes : "un travail merveilleux", "la plus grande arche du monde", "une des merveilles des temps modernes", "le plus gigantesque travail du monde"...
Patricia Rochès, Le viaduc de Garabit

Qu'est-ce que c'est que cette histoire, bordel ! Vous êtes de beaux fumiers ! Jaatinen nous paie à la tâche (...), il ne force personne, et de quel droit fomentez-vous des troubles ? Quelle bande de peigne-culs, vous stopperiez la construction du pont de votre propre village à cause de je ne sais quelles bisbilles !
Arto Paasilinna, Un homme heureux

 

Le viaduc de Garabit et la grotte de Chauvet sont en lice pour représenter Auvergne-Rhône-Alpes au concours de l'émission Le monument préféré des Français 2025. Les votes seront clôturés le 23 mai 2025.

Le viaduc de Garabit a été imaginé et conçu sur plans par le Lozérien de Florac Léon Boyer, avant d'être construit par Gustave Eiffel. Ces deux génies ont entouré les travaux, faisant ainsi un pont ceints d'esprits. 

 

Léon Boyer
Florac 1851 - Panama 1886

Ce viaduc est le lien ferroviaire qui relie la Lozère au Cantal, une passerelle entre l'Occitanie et l'Auvergne, un pont à ne pas couper entre le midi au massif central. Qu'il soit élu monument préféré des français serait un très bon coup, et comme le dit le proverbe auvergnat : " le coup secoue Garabit ". Car ce viaduc, qui vaut bien le pont du Gard, le pont Mirabeau ou Pont-Aven fait partie des ponts et merveilles. On a pu lire ici ou là, de la part d'ingénieurs pontifiants, que l'une des piles du pont se déchausse, rendant l'ouvrage dangereux. Son élection rassurerait son érection et des budgets seront surement trouvés pour que de pont déchaussé il redevienne imperméable aux chausses-trappes et que son tablier soit à nouveau dans ses petits souliers. Les culées du pont sont soumises à l'écoulement de l'eau de la rivière, et la Truyère étant pleine de trous, de gouffres ou de gourgs dus à de forts courants, l'assise du pont est mise à rude épreuve. Il est normal qu'elle soit éculée et mérite d'être pondérée.

Alors que la Truyère a fait passer beaucoup d'eau sous ce pont, il est temps pour lui de devenir un pont d'envol vers une nouvelle notoriété. En lui faisant ce pont d'or, chose qui n'a rien d'un pont aux ânes, le prestige récompenserait la prouesse technologique et sa durée dans le temps, prestige qui auréolerait les site et ses environs, de Saint Flour à Saint-chély d'Apcher, du pont-levis du chateau d'Alleuze au mont Mouchet. Cela chasserait les poncifs et établirait une nouvelle tête de pont autour de la Margeride et de la Planèze. Les agriculteurs et producteur laitiers pourraient même envisager la création d'un nouveau fromage de lait de vache, à pâte molle et à croûte lavée, style pont-l'évêque, un fromage de pontife.

Pour voter, il faut se rendre sur la plateforme France TV. Pour soutenir une ligne de chemin de fer, pour soutenir notre voisin auvergnat et nos étroites relations, pour soutenir un monument incontournable, pour éviter qu'à court terme on ne s'écrie " circulez ! il n'y a rien à voir ", votez pour Garabit !

Rappel sur l'importance de cette ligne : 

On n’entend plus siffler le train


L'attaque du train "Aubrac" par
des technocrates de Paris
Aquarelle de Morris - 20e siècle
De graves décisions aux conséquences funestes planent sur un ouvrage d’art à notre frontière nord. Sous couvert d’une réforme des trains inter-cités, les membres d’obscurs cénacles parisiens fomentent de sombres projets d’aménagements ferroviaires, préparant la réduction drastique de lignes dites en déficit. Pour notre territoire, ils ont, entre autres, dans leur viseur la ligne Béziers - Clermont, ou ce qu’il en reste, le trafic voyageur étant depuis plusieurs années déjà extrêmement limité. La fermeture définitive, annoncée pour 2015, porte un coup fatal au viaduc d’Eiffel. Le coup secoue Garabit qui se moule dans un destin de chef d’œuvre en péril. Et comment parler du « désenclavement » du massif-central, alors qu’on veut, en suivant ce chemin, défaire ce qui nous relie au reste du pays. Mais il semble que ce chemin de traverses, vieux et désuet, mal électrifié, ne réponds plus aux exigences du monde d’aujourd’hui. On raille « L’Aubrac », nom du train qui effectue le trajet Paris – Béziers, sa lenteur, son coût et le nombre ridicule de passagers. Cette réforme, qui devrait être compostée non pas comme un titre de transport mais comme un déchet organique, aiguille nos déplacements sur une voie de garage d'un Réseau Fichu en Friche.

Il semble aussi que les atours du viaduc d’Eiffel vieillissent mal et qu’une des piles du pont se lézarde. C’est plein d’entrain que les technocrates parisiens allèguent de ces défauts et des sommes considérables qui seraient nécessaire à la réparation, pour faire dérailler tout projet alternatif. Pour eux, l’heure est venue de monter sur scène comme on prend le dernier train. Leurs projets de couper le sifflet aux ultimes convois passant devant les derniers chefs de gare est en bonne voie. Alors qu’on devrait les déférer devant les tribunaux pour discrimination envers une population par la réduction du service public, ils seront au contraire récompensés pour la justesse de leurs analyses et les économies qu’elles permettront. Si les populations locales ont depuis longtemps bien jaugé ces fossoyeurs qu’on devrait enduire de goudron et de plumes, ils sont considérés dans les hautes-sphères du pouvoir français comme d’excellents boute-en-train, ces agents zélés qui, par leur application à mettre en ouvre ces réformes iniques, égaient et mettent en joie ceux qui les ont initiées.

Le viaduc de Garabit - Œuvre de Gustave Eiffel
 
Les locaux, motivés par leur volonté de préserver le rail, lien métallique et inoxydable, multiplient manœuvres et manifestations pour la sauvegarde des réseaux ferrés. Ces braves gens dont on chamboule le train-train quotidien veulent garder leurs derniers cheminots, sous peine de redevenir de pauvres chemineaux qui se verraient contraints de s’aiguiller sur d’autres voies pour se déplacer. Devront-ils faire en trail leurs transhumances professionnelles ? Pour le moment, on se réunit régulièrement sur telle ou telle gare du parcours, dans la bonne humeur, les élus locaux y vont de leurs couplets lyriques et se posent en contrôleurs vigilants de la pérennité du moyen de transport. Élus locaux qui appartiennent tout de même aux majorités qui se succèdent au pouvoir. Mais, plus soucieux de leur élection ou réélection que du bien être de leurs administrés, l’élu local persiflera trois fois au sujet de la sauvegarde des lignes des hautes-terres et d'un Service Non Conforme à sa Finalité.

Banderole dans une manifestation de 2015
 
N’empêche que, les mois passent et la chute du couperet se rapproche à un train d’enfer délaissant le train de sénateur pris lors du lancement de l’étude. Les humeurs montent, les esprits s’échauffent, la pression de la vapeur augmente. Les habitants des contrées concernées, qui ont déjà d’autres trains de retard, fatigués d’être de sous-citoyens rongent leurs freins mais jusqu’à quand ? Quand les barrières ne seront plus gardées, nombre d’entre eux pourraient se transformer en saboteur face au Très Grand Vide qu’on leur prépare. Les caténaires de la guerre, prisés des mafias métallifères venue d’Europe de l’est, seront, dans le Massif-Central, l’objet de toutes les surveillances. Pas question de laisser s’installer un train fantôme à la place de l’Aubrac, train bucolique qui permet aux voyageurs de voir au loin pousser les myrtilles dans la brume du petit matin. Rappel au passage, le niveau de circulation du Cévenol, entre Clermont et Nîmes, qui dessert l'est de la Lozère, est déjà très bas et tout aussi menacé.

Train fantôme sur les hautes-terres
 
Les Auvergnats et les Lozériens, lassés de regarder passer les wagons de réformes et les ravages qu’elles provoquent vont prendre le taureau par les cornes pour voir la sortie du tunnel de cette crise lamentable, afin que motrices et convois continuent à fouler le ballast populaire. Ils ne déraillent pas, eux ! Face aux parigots qui veulent se faire une ligne, ils sauront croiser le fer. Car enfin, s’il n’y a plus de train, que vont regarder passer les vaches ?

 
Effets pervers de la suppression des lignes de chemin de fer

 

Lozérix - Voix qui compte, vie duraille et ligne de crête de coq

 


jeudi 20 février 2025

Spidermende


 

La vraie chance des héros, c'est de plaire aux femmes.
Jean Van Hamme, Au delà des ombres - Thorgal tome 5

 

 

 

 

 

Dans la série des les super-héros lozériens

Le Mendois Araignée, Spidermende,  est le super-héros de la préfecture de la Lozère. Il tient ses super-pouvoirs de sa mère, descendante de la famille Boyer de Langogne, qui y créa la première filature de laine de France en 1828. Du côté paternel, la famille Parcœur possédait des magnaneries pour l'élevage du bombyx du mûrier, plus connu comme vers à soie, entre Barre-des-Cévennes et la Vallée française. Spidermende, Pierre Parcœur pour l'état civil, est né à Mende où il réside. Dans la vie de tous les jours il est photographe indépendant. Il vend ses photos de la trépidante vie mendoise au journal Le Clairon quotidien. Son incroyable dextérité et sa stupéfiante rapidité pour tisser des fils d'une solidité à toute épreuve et à les assembler en toile comme le font les arachnides l'ont fait surnommer le Mendois Araignée.


Mende - Place au blé, halle de l'ancien marché