jeudi 10 juillet 2025

Hauts Lozèriens, rangez vos appâts !

 

Il avait beau se projeter sur la droite avec toute son énergie, à chaque fois il basculait en arrière, sur le dos. Il essaya peut-être cent fois, en fermant les yeux pour ne pas être obligé de voir le frétillement des pattes, et il ne s'arrêta qu'au moment où soudain il se sentit au flanc une douleur inconnue, légère et sourde.
Franz Kafka, La métamorphose

 

 


Un moustique d’origine auvergnate a été repéré en Haute-Lozère (Aubrac, Margeride). Facilement identifiable a sa couleur rouge tachée de vert et jaune, le nematocere altitudinis a la fâcheuse habitude de piquer ses proies au niveau des parties intimes, les plus tendres, son dard étant trop souple pour percer les zones dures ou épaisses. Cette propension à attaquer ces régions anatomiques sensibles lui vaut son nom familier de chichoune bougnat. Chichoune (1) désignant le sexe humain en occitan (2), et bougnat pour sa répartition géographique centrée sur l’Auvergne. Sa piqure est heureusement peu urticante mais peut véhiculer des MST. Les sous-vêtements taillés dans une combinaison de scaphandrier constituent la meilleure protection.

Nematocere altitudinis

 

Nudisme, naturisme et autres originalités comportementales ou vestimentaires, les tenues d'Adam et Eve et le port du plus simple appareil sont à proscrire dans les zones infestées.

Source : Science Diffuse n°48 du 31 juin 2025

Professeurs Lozérix, Nimbus & Tournesol
Laboratoire C.I.M.E. (Centre International Margeridien d'Entomologie)


(1) Voir sur le Wikitionnaire 
(2) Zigounette, zézette étant désignée par le dérivé chichourle (provençal)

mardi 13 mai 2025

Un pont pas trop loin


Il faut des monuments aux cités de l'homme, autrement où serait la différence entre la ville et la fourmilière ?
Victor Hugo, Choses vues

 L'établissement de la ligne Marvejols à Neussargues a entraîné la construction d'un certain nombre d'ouvrages d'art remarquables par leurs dimensions. Le plus audacieux est sans nul doute le viaduc de Garabit. Il a permis de relier à niveau et par le chemin le plus court les deux plateaux qui dominent, à plus de 100 mètres de hauteur, le lit de la Truyère.
Le viaduc suscita l'étonnement et l'admiration bien méritée de ses contemporains. Il fut célébré par l'édition d'innombrables cartes postales et de nombreux articles où l'on rend hommage au viaduc en ces termes : "un travail merveilleux", "la plus grande arche du monde", "une des merveilles des temps modernes", "le plus gigantesque travail du monde"...
Patricia Rochès, Le viaduc de Garabit

Qu'est-ce que c'est que cette histoire, bordel ! Vous êtes de beaux fumiers ! Jaatinen nous paie à la tâche (...), il ne force personne, et de quel droit fomentez-vous des troubles ? Quelle bande de peigne-culs, vous stopperiez la construction du pont de votre propre village à cause de je ne sais quelles bisbilles !
Arto Paasilinna, Un homme heureux

 

Le viaduc de Garabit et la grotte de Chauvet sont en lice pour représenter Auvergne-Rhône-Alpes au concours de l'émission Le monument préféré des Français 2025. Les votes seront clôturés le 23 mai 2025.

Le viaduc de Garabit a été imaginé et conçu sur plans par le Lozérien de Florac Léon Boyer, avant d'être construit par Gustave Eiffel. Ces deux génies ont entouré les travaux, faisant ainsi un pont ceints d'esprits. 

 

Léon Boyer
Florac 1851 - Panama 1886

Ce viaduc est le lien ferroviaire qui relie la Lozère au Cantal, une passerelle entre l'Occitanie et l'Auvergne, un pont à ne pas couper entre le midi au massif central. Qu'il soit élu monument préféré des français serait un très bon coup, et comme le dit le proverbe auvergnat : " le coup secoue Garabit ". Car ce viaduc, qui vaut bien le pont du Gard, le pont Mirabeau ou Pont-Aven fait partie des ponts et merveilles. On a pu lire ici ou là, de la part d'ingénieurs pontifiants, que l'une des piles du pont se déchausse, rendant l'ouvrage dangereux. Son élection rassurerait son érection et des budgets seront surement trouvés pour que de pont déchaussé il redevienne imperméable aux chausses-trappes et que son tablier soit à nouveau dans ses petits souliers. Les culées du pont sont soumises à l'écoulement de l'eau de la rivière, et la Truyère étant pleine de trous, de gouffres ou de gourgs dus à de forts courants, l'assise du pont est mise à rude épreuve. Il est normal qu'elle soit éculée et mérite d'être pondérée.

Alors que la Truyère a fait passer beaucoup d'eau sous ce pont, il est temps pour lui de devenir un pont d'envol vers une nouvelle notoriété. En lui faisant ce pont d'or, chose qui n'a rien d'un pont aux ânes, le prestige récompenserait la prouesse technologique et sa durée dans le temps, prestige qui auréolerait les site et ses environs, de Saint Flour à Saint-chély d'Apcher, du pont-levis du chateau d'Alleuze au mont Mouchet. Cela chasserait les poncifs et établirait une nouvelle tête de pont autour de la Margeride et de la Planèze. Les agriculteurs et producteur laitiers pourraient même envisager la création d'un nouveau fromage de lait de vache, à pâte molle et à croûte lavée, style pont-l'évêque, un fromage de pontife.

Pour voter, il faut se rendre sur la plateforme France TV. Pour soutenir une ligne de chemin de fer, pour soutenir notre voisin auvergnat et nos étroites relations, pour soutenir un monument incontournable, pour éviter qu'à court terme on ne s'écrie " circulez ! il n'y a rien à voir ", votez pour Garabit !

Rappel sur l'importance de cette ligne : 

On n’entend plus siffler le train


L'attaque du train "Aubrac" par
des technocrates de Paris
Aquarelle de Morris - 20e siècle
De graves décisions aux conséquences funestes planent sur un ouvrage d’art à notre frontière nord. Sous couvert d’une réforme des trains inter-cités, les membres d’obscurs cénacles parisiens fomentent de sombres projets d’aménagements ferroviaires, préparant la réduction drastique de lignes dites en déficit. Pour notre territoire, ils ont, entre autres, dans leur viseur la ligne Béziers - Clermont, ou ce qu’il en reste, le trafic voyageur étant depuis plusieurs années déjà extrêmement limité. La fermeture définitive, annoncée pour 2015, porte un coup fatal au viaduc d’Eiffel. Le coup secoue Garabit qui se moule dans un destin de chef d’œuvre en péril. Et comment parler du « désenclavement » du massif-central, alors qu’on veut, en suivant ce chemin, défaire ce qui nous relie au reste du pays. Mais il semble que ce chemin de traverses, vieux et désuet, mal électrifié, ne réponds plus aux exigences du monde d’aujourd’hui. On raille « L’Aubrac », nom du train qui effectue le trajet Paris – Béziers, sa lenteur, son coût et le nombre ridicule de passagers. Cette réforme, qui devrait être compostée non pas comme un titre de transport mais comme un déchet organique, aiguille nos déplacements sur une voie de garage d'un Réseau Fichu en Friche.

Il semble aussi que les atours du viaduc d’Eiffel vieillissent mal et qu’une des piles du pont se lézarde. C’est plein d’entrain que les technocrates parisiens allèguent de ces défauts et des sommes considérables qui seraient nécessaire à la réparation, pour faire dérailler tout projet alternatif. Pour eux, l’heure est venue de monter sur scène comme on prend le dernier train. Leurs projets de couper le sifflet aux ultimes convois passant devant les derniers chefs de gare est en bonne voie. Alors qu’on devrait les déférer devant les tribunaux pour discrimination envers une population par la réduction du service public, ils seront au contraire récompensés pour la justesse de leurs analyses et les économies qu’elles permettront. Si les populations locales ont depuis longtemps bien jaugé ces fossoyeurs qu’on devrait enduire de goudron et de plumes, ils sont considérés dans les hautes-sphères du pouvoir français comme d’excellents boute-en-train, ces agents zélés qui, par leur application à mettre en ouvre ces réformes iniques, égaient et mettent en joie ceux qui les ont initiées.

Le viaduc de Garabit - Œuvre de Gustave Eiffel
 
Les locaux, motivés par leur volonté de préserver le rail, lien métallique et inoxydable, multiplient manœuvres et manifestations pour la sauvegarde des réseaux ferrés. Ces braves gens dont on chamboule le train-train quotidien veulent garder leurs derniers cheminots, sous peine de redevenir de pauvres chemineaux qui se verraient contraints de s’aiguiller sur d’autres voies pour se déplacer. Devront-ils faire en trail leurs transhumances professionnelles ? Pour le moment, on se réunit régulièrement sur telle ou telle gare du parcours, dans la bonne humeur, les élus locaux y vont de leurs couplets lyriques et se posent en contrôleurs vigilants de la pérennité du moyen de transport. Élus locaux qui appartiennent tout de même aux majorités qui se succèdent au pouvoir. Mais, plus soucieux de leur élection ou réélection que du bien être de leurs administrés, l’élu local persiflera trois fois au sujet de la sauvegarde des lignes des hautes-terres et d'un Service Non Conforme à sa Finalité.

Banderole dans une manifestation de 2015
 
N’empêche que, les mois passent et la chute du couperet se rapproche à un train d’enfer délaissant le train de sénateur pris lors du lancement de l’étude. Les humeurs montent, les esprits s’échauffent, la pression de la vapeur augmente. Les habitants des contrées concernées, qui ont déjà d’autres trains de retard, fatigués d’être de sous-citoyens rongent leurs freins mais jusqu’à quand ? Quand les barrières ne seront plus gardées, nombre d’entre eux pourraient se transformer en saboteur face au Très Grand Vide qu’on leur prépare. Les caténaires de la guerre, prisés des mafias métallifères venue d’Europe de l’est, seront, dans le Massif-Central, l’objet de toutes les surveillances. Pas question de laisser s’installer un train fantôme à la place de l’Aubrac, train bucolique qui permet aux voyageurs de voir au loin pousser les myrtilles dans la brume du petit matin. Rappel au passage, le niveau de circulation du Cévenol, entre Clermont et Nîmes, qui dessert l'est de la Lozère, est déjà très bas et tout aussi menacé.

Train fantôme sur les hautes-terres
 
Les Auvergnats et les Lozériens, lassés de regarder passer les wagons de réformes et les ravages qu’elles provoquent vont prendre le taureau par les cornes pour voir la sortie du tunnel de cette crise lamentable, afin que motrices et convois continuent à fouler le ballast populaire. Ils ne déraillent pas, eux ! Face aux parigots qui veulent se faire une ligne, ils sauront croiser le fer. Car enfin, s’il n’y a plus de train, que vont regarder passer les vaches ?

 
Effets pervers de la suppression des lignes de chemin de fer

 

Lozérix - Voix qui compte, vie duraille et ligne de crête de coq

 


jeudi 20 février 2025

Spidermende


 

La vraie chance des héros, c'est de plaire aux femmes.
Jean Van Hamme, Au delà des ombres - Thorgal tome 5

 

 

 

 

 

Dans la série des les super-héros lozériens

Le Mendois Araignée, Spidermende,  est le super-héros de la préfecture de la Lozère. Il tient ses super-pouvoirs de sa mère, descendante de la famille Boyer de Langogne, qui y créa la première filature de laine de France en 1828. Du côté paternel, la famille Parcœur possédait des magnaneries pour l'élevage du bombyx du mûrier, plus connu comme vers à soie, entre Barre-des-Cévennes et la Vallée française. Spidermende, Pierre Parcœur pour l'état civil, est né à Mende où il réside. Dans la vie de tous les jours il est photographe indépendant. Il vend ses photos de la trépidante vie mendoise au journal Le Clairon quotidien. Son incroyable dextérité et sa stupéfiante rapidité pour tisser des fils d'une solidité à toute épreuve et à les assembler en toile comme le font les arachnides l'ont fait surnommer le Mendois Araignée.


Mende - Place au blé, halle de l'ancien marché

 

jeudi 5 septembre 2024

Un intellectuel délité





L'élite de ce pays permet de faire et défaire les modes, suivant la maxime qui proclame : "Je pense, donc tu suis".
Pierre Desproges, Fonds de tiroir

Dès que quelqu'un me parle d'élites, je sais que je me trouve en présence d'un crétin.
Emil Michel de Ciora, Cahiers 1957 - 1972

En France, si vous faites partie de l'élite intellectuelle et que vous toussez, on publie un article en première page du Monde
Noam Chomsy

 Il n'y a pas d'élite, hélas, c'est la qu'est l'os !
d'après la paronomase de La grande Vadrouille, Gérard Oury - 1966, dialogues de Georges et André Tabet


 Le leader de la France Insoumise s’est encore laissé aller à une saillie aussi injuste qu’outrecuidante contre la Lozère et les Lozériens (Université d'été LFI, Châteauneuf-sur-Isère, Drôme, 24 aout 2024). Avant de développer, remarquons le savoureux paradoxe entre le nom de cette formation politique, « insoumise », alors qu’elle flirte avec l’islamisme, parfois radical, et que le mot islam signifie justement « soumission » ! Cette remarque préambulaire étant décochée, passons au vif du sujet. C’est le 25 août 2024 dans la Drôme que l’individu sus-cité a donc dérapé comme un skieur malhabile sur une piste verte du Mont Lozère, provoquant l’irréparable outrage. Ses propos étaient :

« La Martinique, lieu assez spécial et tout petit endroit. Malgré tout, ils sont 300 000, et pardon pour les autres, les Guadeloupéens, et ils ont toujours cultivé un certain sentiment d’élite intellectuelle. La vérité c’est qu’ils le sont quand vous faites à la fois Frantz Fanon, Cézaire, Glissant et Chamoiseau, vous ne pouvez pas dire, on est n’importe où. En Lozère, vous n’avez pas ça, vous avez juste qu’à vous en rendre compte ».
Quelques membre des élites lozériennes au cours des ages

En résumé, il n’y a pas d’élite intellectuelle en Lozère. De la part de quelqu’un qui est tout sauf un imbécile, c’est violent. Car le personnage, s’il est coutumier des outrances verbales et d’une exubérance de tous les instants, n’en est pas moins cultivé, intelligent et donc à ce titre dangereux. Car ces propos mettant stupidement en opposition nos compatriotes insulaires et notre peuple des hautes terres languedociennes et auvergnates pourraient bien illustrer sa vision bien ancrée de la nouvelle population dont il rêve et qu’il appelle sa société créole. Il parle de plus en plus souvent de cette société idéale selon lui, créolisée, métissée, colorisée, autrement dit, débarrassée de sa blanchité. Il l’a clairement exprimé en juin 2024 :

« Quand je suis né, un Français sur dix avait un grand-parent étranger, dorénavant, c’est un sur quatre. Par conséquent, ceux qui s'appellent Français de souche posent un problème sérieux à la cohésion de la société » (1).
Difficile d’être plus clair dans ce sombre exposé, au sens figuré du moins.

A la lueur de ces arguments qui empestent les pires remugles inhérents aux théories décoloniales, postcoloniales et wokistes en vogue dans cette famille politique, l’attaque contre les Lozériens prend une autre dimension. L’inconscient ou le subconscient de notre détracteur ne lui fournissent-ils pas l’image de ce qu’il abhorre le plus, augmentée par les clichés récurrents quant à notre « enclavement » et au « désert français » ? Une population vivant dans le département le moins peuplé de France, isolée par des frontières naturelles, privée de grandes voies de communication et donc peu ouvert sur le monde et qui souffrirait d’un manque d’apports extérieurs, vieillissante, prisonnière de ses vallées, ravagée par le crétinisme des Cévennes, version massive et centrale du crétinisme des Alpes, par la consanguinité et sclérosée faute d’une immigration massive ? Auquel cas, nous sommes pour le héraut de cette nouvelle France de vulgaires souchiens (2), de véritables Cathares, des hérétiques dont il faut se débarrasser, des empêcheurs de créoliser en rond qu’il faut rassembler dans le château du Tournel, le Montségur lozérien, avant que notre Simon de Montfort contemporain, quand il ne se prend pas pour Robespierre, n’y boute le feu après cette stigmatisation en règle (3).

Crétins des Alpes

Vu comme cela, ça fait froid dans le dos ! Attention donc à ne voir qu’un seul trait d’humour maladroit, une formule malheureuse dans une logorrhée qui en dit peut-être plus qu’une simple boutade. Boutade qui n’est d’ailleurs pas montée au nez des spectateurs partisans drômois de l’orateur qui ont complaisamment rigolé. Comme quoi, aux paroles déplacées d’un chameau, la Drôme adhère.

Il y a une autre piste qu’on ne peut écarter. Le fait qu’éventuellement il ne s’agisse que d’une diminution significative de neurones, d’un vieillissement prématuré des fonctions cérébrales, d’une parcheminisation des zones pariétales dédiée à l’intellect, de leur asséchement et de leur jaunissement, auquel cas il faut aliter ce jauni sans tarder dans un établissement spécialisé. Mais cette hypothèse ne peut être validée que par la trépanation de la créature, ce qu’elle risque de refuser. Cette prévisible décision négative va malheureusement à l’encontre de sa santé et de son bien-être et de l’apaisement de la polémique. Les Lozériens ne sont prêts d'oublier ces propos diffamatoires et discriminatoires. Ils ne se mettront pas à boire pour noyer leur chagrin, ils ne vont pas s'emboire de gras pour que la bave du crapaud séditieux n'atteigne leur blanche aplombe (4) ni croire à un éventuel repenti du hâbleur, voire à des excuses. La vengeance étant un plat qui se mange froid, ils ont déjà mis au feu les fers qui marqueront le nigaud d'infamie s'il venait à pointer le bout de son nez ou de tout autre appendice en terre gabale.

A moins qu'ils ne serrent les rangs autour de Talleyrand qui déclarait justement : " Tout ce qui est excessif est insignifiant ".


Lozérix, régleur de compte à KO Janluc

Crane trépané du dolmen de Chapieu (Mende - Lozère)
5000 ans av. JC - Collection du musée du Gévaudan
Les lozériens pratiquent depuis la nuit des temps
cet acte neurochirurgical délicat,témoignant d'un très grand savoir-faire
visant à soulager le patient de maux divers et de vilains mots




(1) https://www.tiktok.com/@ngomajosly/video/7380598340733504800. Déclaration complétée le 7 septembre 2024 lors d'une manifestation par : " Il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers populaires. Tout le reste, on perd notre temps." TMC 07/09/2024. On mesure bien l'étendue du mépris pour la ruralité au sens large.
(2) Nom commun. (Néologisme) (Politique) (Péjoratif) Français de souche. Voir en ligne.
(3) Depuis, d'autres délit de faciès ont été révélés. Ainsi les habitants d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) "qui transpirent l'alcool dès le matin, sentent mauvais, sont presque tous obèses" Source : François Ruffin, Ma France en entier, pas à moitié, éditions Les Liens qui libèrent, septembre 2024
(4) Audace, hardiesse effrontée, culot, stabilité contrôlée (dictionnaire de scrabble) 

 

Lecture complémentaire : Pas d’intellectuels en Lozère ? L'inculture de Jean-Luc Mélenchon
Jean-Paul Pelras, Le Point, 07/09/2024 à 11h00, mis à jour le 08/09/2024 à 09h40

samedi 13 juillet 2024

Des céphalopodes enquêtent en Lozère

 

Ô poulpe, au regard de soie ! toi, dont l'âme est inséparable de la mienne ; toi, le plus beau des habitants du globe terrestre, et qui commandes à un sérail de quatre cents ventouses ; toi, en qui siègent noblement, comme dans leur résidence naturelle, par un commun accord, d'un lien indestructible, la douce vertu communicative et les grâces divines, pourquoi n'es-tu pas avec moi, ton ventre de mercure contre ma poitrine d'aluminium, assis tous les deux sur quelque rocher du rivage, pour contempler ce spectacle que j'adore !
Comte de Lautréamont, Les chants de Maldoror

Les cols des Amériques
Thomas Cantaloube

La fille du Poulpe
éditions Moby Dick, 06-2024


Présentation de l'éditeur
Gabriella n'a pas grandi dans une prison bolivienne sans avoir développé un second sens pour les coups bas. Lorsque la jeune femme apprend la chute mystérieuse et fatale d'un journaliste chilien dans les Cévennes, elle décide d'aller y voir de plus près. Elle s'en va explorer les Causses où elle est accueillie par des flics tordus, des gros bras armés et un vieillard crépusculaire en fauteuil roulant. Bien entendu, Gabriel Lecouvreur, alias Le Poulpe, a tenu à la rejoindre pour la protéger. Comme si elle en avait besoin...
La fille du poulpe est une héroïne contemporaine, engagée, curieuse et amoureuse, qui a eu 24 ans en 2024. Ce qu'elle cherche, c'est dénicher au plus profond le désespoir et les injustices pour essayer de les gommer et faire sourire le quotidien. Comme le poulpe, elle s'exprime à travers de petits ou grands faits de société, qui, tels une pathologie, gangrènent le monde. Elle n'est ni flic, ni gendarme, ni femme de loi, elle est la preuve d'un monde à la dérive où elle va mener ses enquêtes guidée par son instinct.

Sous sa forme habituelle, le poulpe se rencontre très rarement en Lozère
son habitat et environnement étant exclusivement maritime.


Mon avis
Suite des tribulations du Poulpe, Gabriel Lecouvreur, à travers sa fille spirituelle, Gabriella, native de Bolivie. L'esprit libertaire qui animait le Poulpe souffle toujours sur ces pages, mais il s'est radicalisé à travers cette jeune métisse féministe, woke et partisane des gauches les plus extrêmes. C'est parfois un peu lourdingue. Si le Poulpe père était un esprit libre et un homme libre, Gabriella est quelque part prisonnière de ses engagements, de ses idéologies, de ses clichés et de ses poncifs. Si leur combat est le même, les arguments et ressources du Poulpe étaient plus originaux et plus convaincants. En plus, cette jeune fille ne boit pas de bière, adieu donc les découvertes de liquides pétillants et peu alcoolisés à base de houblon.

Des boissons que ne consomme pas Gabriella et dont le livre ne parle pas
Dommage !

L'auteur a toutefois l’honnêteté de reconnaître ici et la les limites des choix politiques et sociétaux de son héroïne. Qui dit stricte égalité des genres, dit fin de la galanterie. Gabriella se trimbale donc son sac à dos sans l'aide d’aucun mâle. Le titre fait référence à la sinistre École des Amériques (1), école militaire et policière de contre-guerrilla. Sauf qu'aujourd'hui, ce sont des militaires vénézuéliens chavistes, des militaires nicaraguayens "sandinistes" et autres dérivés des dictatures d’extrême-gauche qui y ont été formés qui mettent ces préceptes en œuvre au mépris des plus élémentaires droits de l'homme

Côté décor, nous sommes en Lozère, entre Mende, le causse de Sauveterre et le Mont Lozère. Les lozériens s'y retrouveront. On passe sur le parvis de la cathédrale de Mende et probablement au bar le Drakkar, à Hyper U, on monte vers Champerboux ou Le Bleymard, on longe le Lot ou le Tarn. Par contre, la description d'une manifestation rassemblant plusieurs milliers de personnes, qui va dégénérer et induire l'intervention musclée de gardes-mobiles et de canons à eau fera sourire les indigènes. Le record d'une manif en Lozère est de 2000 personnes grand maximum, et il n'y a jamais eu de débordements ayant entrainé une riposte policière et le déploiement d'un canon à eau (2). L'un des personnages clé est le préfet de Lozère qui a été placardisé dans la préfecture lozérienne, source de son amertume et par conséquence de sa participation aux agissements vengeurs dénoncés par Gabriella. Cette dernière recevra l'appui d'un berger des causses équipé comme un geek pour veiller sur son troupeau d'ovins menacé par le loup, et d'un néo-rural ex-grand reporter monté sur les hauteurs du Lozère pour y retrouver le calme et la sérénité. Le titre ne fait référence à aucun col cévenol, c'est un jeu de mot qui sert de titre, exercice imposé par la série.

Quant à l'histoire, elle est bien menée, ça se lit vite, le style est agréable, les personnages bien façonnés mais dans une intrigue très manichéenne.

 Lozérix, les lettres perçantes

Troupeau de moutons sur le causse
Source : département de la Lozère
(https://lozere.fr/la-reconquete-ovine-en-lozere.html)


(1) En savoir plus sur L’École des Amériques (Cairn.info).
(2) Je tiens d'une source policière mendoise le fait que le commissariat de Mende ne dispose pas de canon à eau, et que jamais des CRS ou des gardes-mobiles venus ponctuellement en renfort n'en ont amenés.

jeudi 6 juin 2024

Le débarquement des cornes flasques

 

Les cornes, c’est comme les dents. Quand elles poussent, ça fait très mal ; mais une fois poussées, on mange avec.
Anne-Marie Bigot de Cornuel



 

La Lozère est un terroir gourmand. La liste des mets que l’on peut y déguster est fort longue. Il y a néanmoins un produit oublié dont il est légitime de rappeler l’existence.

 Pendant les noires années de l’occupation, même à la campagne on manquait de tout. Notamment de bon pain pour faire les tartines à tremper dans le café matinal. En 1944, les ersatz de farine et autres poudres de berlinpinpin ne convenaient à personne. Jusqu’au jour ou un agriculteur établi dans la région de Vitrolles, commune de Rieutort-de-Randon, eu l’idée de râper les cornes de ses vaches et de faire ensuite longuement bouillir les copeaux obtenus afin de les ramollir. Il les laissa ensuite sécher, avant de les refaire gonfler un bol de lait. 

Il tentât la première dégustation le 6 juin et fut immédiatement convaincu par sa préparation. De la pénurie de pain étaient nées les cornes flasques pour la collation matinale. Celles-ci allaient rapidement débarquer sur toutes les tables du petit déjeuner. Après avoir pris le taureau par les cornes, on allait prendre les cornes avec une petite cuillère.

Quant au pope corne, il sera inventé un peu plus tard par un moine grec orthodoxe. Et c'est en 1953 que la recette à base de riz soufflé du compagnon de Séoul, l'ami riz-corée, viendra concurrencer les cornes flasques.

Lozérix, encornet farceur


Les vikings ont eux aussi utilisé des cornes-flasques
mais comme récipient


mardi 28 mai 2024

Peut-on être un winner en Lozère ?

Mon Lapin Quotidien n°29
Ouvrage collectif
design de Quentin Faucompré
éditions L’Association, 05-2024

 

Présentation de l'éditeur

Mon Lapin Quotidien n°29 – Le poil soyeux, les pattes arrière montées sur ressort, un joli maillot rouge et vert près du corps, Mon Lapin Quotidien #29 pète la forme. Possiblement olympique, la forme, mais aussi Oulipique (dixit Hervé Le Tellier). Un numéro plutôt “sport” donc. MLQ #29 quadrille le terrain : hygiène de vie, dieux du stade, adrénaline, opium du peuple, culte du corps, compétitions, lutte des classes, courbatures, haut du podium, transfert du mercato, tout y passe. Bien échauffé, MLQ vous embarque au beau milieu d’improbables terrains de jeux graphiques et littéraires, tout en n’hésitant pas à faire des détours vers quelques vestiaires-coulisses existentiels.

MLQ évoque pêle-mêle Javier Milei, le 100 mètres saut du lit, Amélie Oudéa-Castéra, le lancer de marteau et faucille, la musique sportive, la cérémonie de la laisse, Leni Riefenstahl, le surf hippique, Raymond Poulidor, le water baseball, etc., etc.

L’équipe d’athlètes habituelle fusionne avec quelques nouvelles têtes.
Parmi elles : Rémy Cattelain, Cécile Dazord, Christophe Giudicelli, Lucile Gautier, Pauline Lecerf, Éric Lambé, Joseph Levacher, et Sébastien Lumineau.

Informations :
Nombre de pages : 12 p.
ISBN : 9782844149633
Prix : 8€

Présentation sur le site de l'éditeur
Présentation sur le site Librairie sans titre, avec quelques pages accessibles

Ce n'est pas dit dans la présentation, mais vu le titre, on peut supposer que la Lozère est aussi l'un des sujets abordés, sous l'angle sportif à priori. En tous cas, Lozère rime mieux avec winner qu'avec looser !

Mon Lapin Quotidien, ou MLQ est un trimestriel humouristique de L'Association, dont le premier numéro est paru en , un journal qui sort tous les 3 mois, de 12 à 16 pages en noir & blanc et très grand format. Les fondateurs sont Killoffer et Jean-Yves Duhoo qui en sont également les rédacteurs en chef jusqu’en 2019, puis Quentin Faucompré rejoint Patrice Killoffer en 2020 qui le laisse seul aux manettes dès la fin de l'année suivante. Le journal est mis en page par le graphiste et illustrateur Rocco. (source : Wikipedia)

Quelques données (sérieuses) pour compléter :
Le département  de la Lozère est l'un des plus sportifs de France et compte de nombreux clubs et comités départementaux sportifs (en pourcentage il se classe dans le peloton de tête du ratio nombre de clubs sportifs par rapport à la population).

  • 1 habitant sur 3 est adhérent à une fédération sportive.
  • 445 clubs sportifs agréés et 43 comités.
  • 24 000 : nombre de licenciés en 2011 (toutes disciplines confondues)

La Lozère bénéficie du plus fort taux d'équipement du Languedoc-Roussillon. Les clubs sont les partenaires incontournables des politiques locales d’animation, de promotion et d’éducation sportive. Mende, la préfecture, a été élue par deux fois ville la plus sportive de France.

La Lozère, terre d'événements sportifs :

(source : site du Département de la Lozère)

Quelques sportifs lozériens célèbres :

  • Lucien Mias, deuxième ligne de l'équipe de France de Rugby, 29 sélections.
  • Marion Buisson, championne de France de saut à la perche 2008
  • Romain Paulhan champion de France de VTT Descente DH.
  • David Pigeyre, équipe de France de canoë-kayak, top 20 mondial, kayak freestyle.
  • Éric Rousset, champion de France de rallye terre.
  • Axel Roudil-Cortinat, champion de France de cross-country marathon 2021, 2023.
  • Le Mende Volley Lozère (MVL) évolue en ligue B du championnat de France (champion de France N2 en 2016.
  • Isabelle Lafaye Marziou, multi-médaillée en tennis de table paralympique, simple et double, entre 1996 et 2017. Née à St Jean du Gard en 1963, Isabelle Lafaye a fait toute sa scolarité, primaire et secondaire à Mende où elle a vécu jusqu'en 1982. Son palmarès sur le site du comité paralympique.

Pour finir, une anecdote tennistique et personnelle.
Entre 1975 et 1994, j'ai eu une carrière tennistique significative. Classé 30/2 à 18 ans, les aléas de la vie ne m'ont pas permis de poursuivre une progression, et au contraire, faute de compétition et de pratique je me suis rapidement retrouvé à 0/40. Mes participations tardives à quelques tournois en simple et en double n'ont pas été couronnées de succès. J'en suis donc resté au tennis loisir. Mais durant mes années de minime/cadet/junior, jouant dans l'équipe de Mende, nous avons avec mes camarades et complices connus quelques victoires. Notamment en 1979 quand notre équipe cadets 2e année, - composée de trois garçons Philippe, François, Jean-Michel et une fille, Maryline -, nous sommes sortis premiers de la phase départementale lozérienne. Les autres rencontres étaient programmées contre des équipes de l'Hérault. Contre l'ASPTT Montpellier, nous avons gagné 4 jeux en 4 matches. Alors que les héraultais étaient tous à 30, 15/5 voire 15/4, aucun de nous n'était encore classé. Le déplacement suivant était prévu contre le Tennis Club de Lunel. Manque de bol, la veille de la rencontre la Lozère a subi d'importante chutes de neige. Notre équipe a du déclarer forfait. Comme je jouais en n°1, j'aurais du affronter le n°1 lunellois qui n'était autre que Thierry Champion, qui était déjà surclassé au dessus de sa catégorie.
Grace à cet évènement neigeux, la seule victoire dont Thierry Champion peut se prévaloir contre moi, est une victoire par forfait climatique !

En me remémorant cette époque, j'ai une pensée reconnaissante pour M. François Tricot qui a été un des fondateurs du Tennis Club de Mende et son président pendant plusieurs années. Il a beaucoup fait pour que les jeunes accèdent au tennis dans ces années ou la "démocratisation" de ce sport était le maitre-mot. Il était toujours disponible pour encadrer les déplacements, organiser les entrainements, favoriser la diffusion du tennis dans tous les milieux et offrir des tournées de bières au bar du Commerce. Célèbre aussi pour sa coupe de cheveux style gazon de Wimbledon en fin de tournoi, ce fier normand natif de Bois-Guillaume était d'une grande générosité. La liste des jeunes mendois, filles et garçons, qui ont pu frapper leurs premières balles puis jouer leurs premiers tournois dans toute la Lozère et quelques fois plus loin, grâce à lui, est bien longue. Membre des instances départementales et régionales de la FFT, une coupe inter-clubs portant son nom a été jouée durant quelques années.

Lozérix, crocodile de fond de court

 

La raquette Adidas Ilie Nastase que j'utilisais à l'époque