dimanche 31 mai 2020

Le genêt grandit

Genêt à balai




Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
picoté par les blés, fouler l’herbe menue.
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Arthur Rimbaud, Sensation


Le titre de ce billet n’est pas une contrepèterie d’un livre d’Honoré de Balzac, mais une référence au pouvoir de croissance du sous-produit d’un végétal lozérien. On connait l’arbre à pain de Polynésie, mais saviez-vous que la Lozère possède également un arbrisseau duquel on peut tirer de la farine et à partir de la, du pain. Et je ne parle pas du châtaignier qui donne lui aussi un beau pain des bois. Il s’agit du cytisus scoparius, de la famille des fabaceae, connu sous le nom de genêt à balai. Ses fleurs jaunes couvrent les landes gabalitaines dés le printemps, emplissant l’atmosphère d’une odeur forte et entêtante, pas toujours agréable d’ailleurs. Le genêt est déjà connu pour produire quelques substances chimiques intéressantes, comme les flavonoïdes aux effets diurétiques, la spartéine qui est un alcaloïde utilisé en cardiologie, mais aussi connu des jeunes filles ayant perdu prématurément leur vertu et encombrée d’un polichinelle dans le tiroir pour ces effets abortifs. Et bien il est fréquent que ces arbustes produisent, lorsqu’il sont jeunes, un petit surgeon porteur de gousses remplies de graines qui, une fois écrasées donneront une farine fine et fluide dont on tirera un pain de bonne tenue en la mélangeant à de la levure et de l’eau. Cette farine a la réputation de favoriser la croissance intellectuelle et physique des enfants du département, en faisant des génies grandets. Qui gouterait ce pain aux qualités gustatives si particulières, le comparerait au gout douçâtre du thymus de veau préparé à la crème et aux morilles. C’est en effet la saveur de ces ris qu’aurait la mie du petit des genêts.


Lozérix – Des hauts nids d’as au défilé des terres mobiles

Le génie grandet