dimanche 26 septembre 2021

Oronge mécanique

Lozériens agacés par
des cueillettes intempestives

 

 

Les enfants poussaient sur la misère
comme des champignons sur le fumier.
Émile Zola, L’assommoir.

 

 

 


Les étrangers, entendre par là ceux qui ne sont pas Lozériens, ne devraient pas aller ramasser des champignons en Lozère. Ils s’exposent vraiment à de graves dangers. Tout d’abord, eu égard à la nature même de l’activité, ils doivent s’équiper en conséquence d’un harnachement aussi agréable à porter qu’une combinaison de plongée et qui sera à l'origine d'autant d'érubescences et de démangeaisons. Il faut enfiler un lourd falzar de toile épaisse, inconfortable et disgracieux, chausser de vilains croquenots vecteurs d’ampoules, passer encore un vêtement qui devra les protéger et du soleil ou de la pluie, du vent, du froid ou de la chaleur. Sans oublier le couvre-chef sans lequel leur crâne ne transpirerait pas, graissant du même coup leurs cheveux d'un sébum épais annonciateur d'une belle récolte de squames pelliculaires.  Afin de ne pas être pris pour un sanglier, une biche, un lièvre, un faisan, un lapin, un lérot (1) ou un crapaud et tiré par un chasseur doté d'un mauvais regard, d'un œil torve ou d'une vue basse, ils devront surtout s’affubler d’un surcot fluorescent. Ils pourront dès lors être pris pour un gilet jaune ce qui n’est pas une moindre humiliation.

Au royaume des aveugles ...

Ainsi équipés, il faut affronter les dangers inhérents au milieu forestier, s’exposer aux toiles d’araignées tissées entre les arbres, recevoir dans le cou des aiguilles de pin et du lichen irritant, trébucher à chaque pas dans le bois mort, glisser sur la mousse humide, se déchirer la peau et risquer le tétanos pris dans les barbelés aussi pointus que rouillés, se coincer la cheville entre deux pierres, s’embourber dans une tourbière, déraper dans les flaques au creux des fondrières et s’étaler sur une bouse opportunément déposée par un bovin espiègle pour faire choir l’imprudent. En plus des pièges minéraux et végétaux, il y a ceux tendus par le monde animal. Il devient vite difficile de résister aux piqûres de moustiques, de taons, de guêpes, d’abeilles ou de ces sournoises araignées velues capables de se glisser jusque sous le zlibard ou, d’une vigoureuse pincée de leurs crochets acérés elles feront pousser une troisième couille aux mâles ou obstrueront la fente des filles pour y pondre leurs œufs. Il est tout aussi probable qu'une tique se glisse dans les replis du derme exposé et y laisse au mieux un furoncle adipeux, au pire une maladie de Lyme qui élimera leur santé d'abord par le temps qu'elle soit diagnostiquée, puis par l'absence de traitement. Pire, il faut affronter les redoutables reptiles venimeux tapis dans la bruyère, enroulés mimétiquement autour d’une branche basse ou dissimulés sous les myrtilliers à l’affût d’une main innocente à mordre pour y répandre un méchant venin qui attaquera aussitôt les reins, le cœur et le cerveau de l’envenimé. Il y aussi les risques importants d’être encorné par un mouflon ou un cerf, d’être mordu par un renard enragé, de se faire clouer par le bec aiguisé d’un rapace, voire attaquer en cas de blessure grave par un vautour charognard dénué de patience qui n'attendra pas que la mort survienne et décharnera ainsi sa victime encore un peu vivante.

Chuter au fond d'une tourbière peut très mal se terminer

Et puis il y a le trio infernal qui hante les forêts lozériennes et qui chasse principalement le ramasseur-prédateur venu du hors-monde. Le loup, la grand-mère et le chaperon rouge, la pire combinaison de pirates des bois que l’on puisse imaginer. Le loup ne pense qu’à mettre un chercheur de champignons à son menu, le même chercheur est une proie de choix pour les grand-mères isolées et veuves de ces contrées rurales, qui n’ont de cesse de capturer et séquestrer le promeneur imprudent pour en faire son domestique, le contraindre à de compliqués bricolages de l’ancien-temps comme réparer chevillette et bobinette, entretenir sa chaumière, couper le bois, puiser l’eau, labourer les champs, faner les foins, nourrir les cochons, biner les haricots, trier les lentilles, tourner l'aligot et ramasser les patates. Il mènera une vie d'esclave ou de bête de somme,  passera les nuits enchainé dans une cave humide sans l'once d'un espoir d'être libéré. Mais le plus dangereux reste d’être pris par un chaperon rouge, créature lubrique et nymphomane qui, armé de son petit pot de beurre, fait subir les pires outrages à ses victimes qui ne se relèvent quasiment jamais de ces assauts aussi frénétiques qu’impudiques pour assouvir son stupre et sa luxure, aggravés par les griffures de framboisiers dans lesquels elle entraîne ses proies. Avanie et framboises sont les mamelles de leur destin (2). Ne souriez pas, l’étreinte d’un chaperon rouge est pour l'homme comparable au coït entomologique de la mygale ou de la mante religieuse. A la fin, la femelle se repaît du corps de son amant. 

Chaperon rouge a l'affut dans une forêt lozérienne

Il n’est pas rare non plus que ces doryphores (3), plaisant sobriquet donné par les lozériens aux ramasseurs venus d’ailleurs, aient à subir l’ire des autochtones car il leur arrive souvent de se comporter en Attila, là où ils passent rien ne repousse. On peut le constater sur l'espace public des forêts domaniales ou la moindre sente ou laie forestière est transformée en autoroute pédestre à force de piétinement, ou sur les propriétés privées pourtant gaillardement défendues par de répulsives clôtures barbelisées qui sont l'expression la plus pointue et piquante de leur défense territoriale par des particuliers. Et voilà t-y pas que ces traîne-savates se mettent à se plaindre et à chouiner parce qu’en représailles, les indigènes s’en sont pris aux pneumatiques de leurs véhicules ou quand, emportés par la contrariété, ils expriment directement leur légitime ressenti envers les envahisseurs eux-mêmes en les pendant à une haute branche avant de les éviscérer, estourbir, empaler, rouer puis distribuent leurs restes chauds et gluants aux mouches, bousiers et cafards coprophages. Leur sordide putréfaction servira peut être à la poussée d'un beau et noble mycélium. Quant aux femmes doryphores, des rumeurs persistantes font état de transferts discrets dans les bordels de Buenos-Aires via les réseaux aveyronnais entre Rodez et Pigüe (4), où les mycoses sont plus prégnantes que la mycologie et les girolles vénériennes plus redoutables que les amanites vénéneuses. Il se murmure même que des enfants ont fini dans des civets parmi les lardons, les rondelles de carottes, les aromates et les feuilles de laurier, servis dans des auberges rouges encore nombreuses par chez nous, comme cela se pratique dans les territoires mexicains tombés aux mains des cartels ou la recette originale du pozole aztèque est remis à la mode (5). Toutefois, la violence relative décrite dans ces dernières lignes laisse tout de même penser que l’on frise un peu la légende urbaine et le folklore campagnard, tant il est vrai qu’une bonne rumeur est parfois un bon rempart face aux velléités champignonesques des étrangers les plus crédules, des Gardois les plus benêts, des Marseillais les plus simples et des Lyonnais les plus sots. Mais leur turpitude est telle qu'il vaut mieux anticiper.

Type d'auberge lozérienne ou l'on peut trouver de l'enfant au menu


En toute solidarité avec ces homoncules, nous les préviendrons toujours et attirerons sans relâche l’attention des téméraires qui seraient malgré tout tentés par l’aventure périlleuse sur les hautes-terres. La chose n’est pas sans risque d’autant que s’ils échappent par miracle aux potentielles mais probables déconvenues que nous leur avons obligeamment listées, ils seront immanquablement touchés par un désagréable épisode intestinal odorant, douloureux et incoercible dû à leur méconnaissance atavique des espèces mycologiques et aux nombreuses facéties de ressemblance et de vénénosité avec lesquelles elles jouent pour déjouer leur prélèvement frauduleux par le premier ingénu venu. Rappelons sur ce sujet les vers du poète : 

Ôronges, ô désuets spores, ô vielles vesses ennemies
Que je me suis vidé devant tant d'insanie,
Ne vous ai-je blanchis vous, produits forestiers
Que pour voir en un jour flétrir ma bonne santé ?
(Corneille, L'Acide Gastrique, Acte I, scène 4)

Si malgré ces charitables conseils ils persistent dans l'idée saugrenue de tenter une cueillette de champignons en Lozère, il ne faudra pas ensuite qu'ils viennent geindre des conséquences de leur impudente imprudence.

Lozérix - César des amanites rosé de près.


(1) Si le chercheur-cueilleur ne vas pas mettre un gilet jaune pour ne pas être pris pour un lérot, il peut essayer d'entonner à tue-tête le tube de Daniel Balavoine Je ne suis pas un lérot, mes faux pas me collent à la peau... Voir sur le site de l'INA
(2) Avanie et Framboise (ou Framboise) est une chanson écrite et interprétée en 1960 par l'auteur-compositeur-interprète Boby Lapointe.
(3)
Doryphore : surnom donné aux Gardois par les Lozériens. Lire à ce sujet Petits heurts entre amis.
(4)
Pigüé est une ville de la province de Buenos Aires, en Argentine. Elle est située dans la Pampa, à 584 km au sud-ouest de Buenos Aires. La ville a été fondée au XIXe siècle par des familles rouergates du département français de l'Aveyron.
(5) Voir l'article de La Vanguardia du 19 aout 2021.

dimanche 19 septembre 2021

La légende des sigles

A gauche, Robert-Louis Stevenson sur l’ânesse Modestine
demandant son chemin à un autonomiste lozérien à cheval
Daguerréotype de 1879


 

« Soldats, songez que du haut de cet oppidum, quatre siècles vous contemplent. »

Vercingétorix (82 - 46 av. JC), harangue avant la bataille de Gergovie en 52 av. JC.

 

 

 

 

Petite étude du courant autonomiste/indépendantiste/souverainiste en Lozère. D’après les archives de plusieurs journaux d’investigations et divers ouvrages sur les réseaux régionalistes en France, plus particulièrement dans le sud du Massif Central, on distingue la filiation suivante : 

Le FLL (Front de Libération de la Lozère) apparait comme le mouvement autonomiste historique. Dans la genèse du FLL il faut tout d’abord citer pour leurs rôles courts mais déterminants, la M.A.M.A.N. (Mouvance Active Margeridienne pour une Autonomie Nouvelle) et le P.A.P.A. (Parti Aubracois Pour l’Autonomie), qui étaient membres fondateurs du FLL lors de la réunion constituante du 31 mars 1976, mais qui ont quitté l’alliance dés le 01 avril 1976, face à ce qu’ils considéraient comme une sur-représentation du C.U.L.O.T. (Cévennes Unies pour une Lozère Occitane Transpartisane) qui détenait 30% des sièges alors qu’ils ne représentaient que 25% du département. Cette défiance des Nordistes face à l’intransigeance des Sudistes, alors que la ligne de fracture suivait le cours du Lot, explique que si la rhétorique revendicative du FLL contemporain fait toujours la part belle au nord en plaçant son État-major à Recoules-de-Famas, village connu pour sa manufacture d'armes qui fabrique un célèbre fusil d'assaut, il semble bien que sur le terrain, au regard des actions revendiquées, les fractions du sud aient été les plus actives. Quant à la F.I.L.S. (Fédération Indépendantiste pour la Lozère Souveraine), noyauté dés 1977 par l’évêché de Mende sur ordre de l’archevêché de Clermont-Ferrand qui voulait contrer l’influence protestante du sud, elle n’a jamais dépassé comme agissements, le stade de l’excommunication des autres indépendantismes, au nom de son allégeance au catholicisme romano-avignonnais tel qu’il a été fixé par Urbain V en 1368 dans son encyclique « De autonomica pagus gabali et quid religare deus est ». Le cycle de sigles se termine avec le F.I.L.L.E. (Faisceau Institutionnel des Lozériens Loyalistes Européens) au positionnement politique totalement indiscernable et aux légendaires bombages des blocs erratiques le long de la N106 de slogans au patois approximatif (comme à Serverette sur les « trois fromages » en 1977 où fut inscrit « voléme vioure ale pastis »). Heureusement, son influence néfaste n’a jamais pénétré qu’un cercle très restreint d’initiés, non-natifs de surcroît, ce qui suggère une manipulation barbouzarde et sodomite d’officines parisiennes et d’un conseil général voisin dont les membres sont connus pour leur consommation immodérée d'anisette.

Le rocher de Saint Jean à Serverette,
parfois nommé " les trois fromages"

Poursuivant dans les arcanes de l’histoire lozérienne, on en apprend de belles. L’événementiel occulte est si riche en Lozère, que de nombreux auteurs à succès ont révélé les résultats de leurs découvertes, mais celles-ci bouleversant tellement l’image de tranquillité sereine voire de conservatisme du département, qu’afin de se protéger, ils le firent à mots couverts. Ainsi Jean-Claude Bourrée, qui en plus d’avoir été présentateur vedette du JT de 20h, d’avoir des accointances vers Grandrieu, d’être un spécialiste des danses auvergnates, a été le premier à faire état du monde souterrain de l’activisme gabalitain (on ne dit pas gévaudanais). Son livre paru aux éditions France-Empire en 1976 -la date n’échappera à personne- au titre racoleur « Le nouveau défi des OVNI », dissimule sous un habile tissus de considérations co(s)miques sur l’existence avérée d’une vie extraterrestre qui visiterait notre planète à bord d’engins spatiaux régulièrement aperçus, ni plus ni moins que les ambitions séparatistes d’une mystérieuse Organisation des Vengeurs Néo Identitaires – sise aux Bondons, commune abritant d’après J.-C. Bourrée la principale cache d’armes des conjurés. Page après page, de découverte sensationnelle en scoop volant, avec l’efficacité et la rigueur d’un Champollion matiné de Dan Brown, les secrets d’un Codex de Bello Lozerii sont révélés. On découvre que les visées nationalistes ne datent pas d’aujourd’hui, mais plongent leurs racines et radicelles au plus profond de l’histoire locale.  Ceci dit, l'OVNI restera l’allégeance du siècle à l'autonomisme lozérien, même si son caractère complotiste et sectaire laisse penser que seuls de rares cinglés ont embarqué dans cet esquif cinglant vers d’hypothétiques rivages libres de la Lozère. Ce sigle restera la cible de tous les autres militants, l'accusant de discréditer la cause. Ils sont aidés en cela par la réputation fragile de l'auteur qui s'est plusieurs fois fourvoyé sur d'autres recherches. Par exemple, la bête du Gévaudan serait selon lui, un hybride entre un loup et un descendant des chiens de combat des armées romaines ! Non mais, je vous demande un peu...

Le livre de J.-C. Bourrée, paru en 1976

Si le FLL reste le sigle d'or, que reste t-il de la mouvance autonomiste de nos jours ? Face à la menace d’invasion toujours déclarée par les forces obscures, sombres car charbonneuses qui monteraient de La Grand-Combe (30), toutes les lozériennes et tous les Lozériens, qu’ils soient humains, ovins, bovins ou caprins, ont gardé l’habitude de se rassembler annuellement à Mende, place du Foirail tous les 20 février. Devant les heures graves qui risqueraient de sonner, ils conviennent de faire face avec détermination. Les F.A.R.C.E (Forces Armées Révolutionnaires des Causses Élargis) procèdent à une distribution de matériel d’autodéfense et à une répartition des forces vives dans les différentes compagnies de résistance. Rejointes par le M.A.R.T.E.A.U. (Mouvement Allié de Résistance Territorial Exhaustif Armé et Unitaire.), les unités procèdent ensuite à une manœuvre d’encerclement avec l’E.N.C.L.U.M.E. (Entente Nationale des Clans Lozériens Unis dans un Mouvement oEcuménique) de façon à bloquer les S.A.L.O.P.A.R.D. (Sections Anti Lozériennes Opérationnelles & Phalanges d’Assaut Radicalement Destructrices) et rejeter vers leurs plaines hostiles et marécageuses ces colonnes infernales d’envahisseurs qui voudraient faire main-basse sur nos hautes-terres. Par leur courage légendaire et l’altitude de leur bon droit, malgré la dureté des combats, ils gardent confiance dans leurs capacités à préserver la longitude géographique frontalière et la latitude de leur liberté.

A ce moment, comme le veut la tradition, la pastourelle de Lozère de l'année, entourée de miss Mende et de ses deux dauphines (gordini ou pas), élues lors des grandes fêtes de ladite ville, déclame la formule rituelle : " Femmes, ouvrières et paysannes, c’est les larmes chaudes de la fierté qui inondent les rudes rides qui sculptent vos visages depuis que le monde est monde, en voyant partir vos maris fils et pères vers une nouvelle épopée. Entonnons les chants de marche au son de l’accordéon : la victoire en chantant nous ouvre les barrières (qu’il faut refermer derrière soi) et la libre bourrée guide nos pas. Le piano à bretelles arme nos bras vengeurs et c’est dans l’allégresse que nous susons (aller sus) à l’ennemi. Ils ne passeront pas !

Ce grand rendez-vous annuel a lieu le 20 février en mémoire du 20 février 963, jour de la bataille dites de la "débandade". Une horde de mégères nîmoises, une bande de femmes de mauvaise vie laides et sales, avait saccagé le marché de Villefort. Les habitants de la ville avaient rapidement mis ces furies en déroute. En s'enfuyant de façon totalement désorganisée, beaucoup de ces harpies ont perdu la vie dans les gorges de la rivière Borne, dévorées par des ablettes du Gévaudan. Cet épisode est connu comme "la débandade des morues de Nîmes". Une spécialité culinaire commémore toujours cet évènement, préparé à base de filets de truites, lait, huile d'olive, une pointe d'ail et un peu de laurier.

Lozérix - Des hauts nids d’as au défilé des terres mobiles

Spécialité lozérienne à base poisson
en souvenir des morues de Nîmes



dimanche 12 septembre 2021

De l'art pour les cochons ?

Le quadrumane optimiste
Achille Talon, tome 15, Greg
 
 
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
picoté par les blés, fouler l’herbe menue.
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Arthur Rimbaud, Sensation

 

L'art des villes et l'art des champs.
Le premier a lieu rarement.
Tous les bobos s'esbaudissent.
Le second se fait chaque fin de printemps.
Seuls les campagnards applaudissent.
Dans l'art contemporain,
pas facile de trier la livrée du bon grain.

 

L'arc de triomphe emballé à Paris, Christo - 09/2021


 
Balles de foin enrubanné en Lozère, artiste anonyme - 06/2021