dimanche 5 juillet 2020

Via McDolorosa - III


L'étendard de Mc Do
se découpe dans le ciel mendois





Chacun se demande, n'est-ce pas, pourquoi nous sommes si peu habiles en matière de politique étrangère. Indubitablement, c'est parce que ce que nous ingérons manque d'énergie. Nous sommes toujours devancés par des gens qui adoptent un régime supérieur au nôtre, savourent une nourriture plus intéressante, d'un point de vue technique bien sûr. Si Mitterrand a damé le pion à Reagan en Europe, c'est surtout à cause des plats exquis dont il se délecte.
Jim Harrison, Un sacré gueuleton



Chronique de l'arrivée du clown Ronald en pays gabale, qui débute en l'an de grâce 2003.

I - Le projet
II - Un défi à la Lozérianité
III - Un os à Noël


Il est donc fini le temps ou la Lozère était le seul département de France pouvant s’enorgueillir de ne pas avoir de Mc Donald sur son sol. L’affaire semble entendue, les travaux débutent, Ronald débarquera fin décembre 2005 à Mende.

Quand j'entends le mot culture, je sors mon hamburger
Étrange cadeau de Noël, car c’est en même temps une certaine idée de la Lozère qui désormais sent le sapin. Bien sur, chacun est libre d’y aller ou de ne pas y aller. Je regrette quant à moi l’installation de cette enseigne qui symbolise la globalisation d’une manière de vivre profondément contestable. L’acculturation des masses est toujours regrettable, surtout en pays d’agriculture, surtout quand les cibles visées sont les jeunes.

Artères bouchées et bouchers à l'arène
Cette arrivée va provoquer une vague d’actions. Pour certains, aller s’y nourrir sera un acte militant pour contredire les vieux ou jeunes idéalistes rivés sur l’aligot saucisse made in Gévaudan. Militantisme nourricier qui sera un peu débilitant pour l’état de santé et pour la sécurité sociale, et qui en plus des artères, engraissera à court terme le porte-feuille des médecins généralistes, endocrinologues et diététiciens. D’autres militeront en foulant aux pieds, justement en n’y mettant pas ceux-ci, cette surface food. Les partisans vont nous expliquer que le gérant servira des produits locaux, du bœuf d’Aubrac par exemple. Quelle tristesse pour un si noble animal de finir en steak haché, cachant tout ce qui fait le plaisir de savourer cette viande sacrée. A chacun son produit casher, et si on peut manger du pain azyme, je doute des qualités gustatives et salutaires des petits pains enzymes, opposés des nourritures terrestres et pourvoyeurs de cimetières des mangeurs qu’ils déciment.

Cocorico, caca ricain
Un mot sur la boisson qui coule en cascade dans ces établissements. Liquide emblématique d’un pays, les États-Unis, aujourd’hui largement peuplé de gros, victimes de l’american way of life et qui sont de l’obèse. Énormes et pas qu’un peu ! Obèses, ah mais, mucho (1) comme on dit la-bas où l’espagnol est devenu la première langue de plusieurs États. Alors que notre beau pays de France a hérité des gaulois le roi de la basse-cour et le tricolore que le coq accola comme symbole, les us des Usa sont souvent représentés par cette sirupeuse décoction sucrée à la couleur indéniablement diarrhéique et qui accompagne si bien la néfaste-food. Qués aco vont se demander les derniers patoisants plus habitués à l’eau de Quézac. Ça a la couleur de l’égout, ça a l’odeur de l'égout, et c’est dégoûtant.


Bombe calorique
source : Inform'action


Une arche dénuée de bonnes intentions
Le conseil municipal de Mende fanfaronne sur l’arrivée en fanfare de la double arche. Pourtant, l’arche on nous a déjà fait le coup et ça ne c’est pas vraiment bien terminé. Par le passé, un Dieu barbu habitant dans un nuage a déjà offert une arche d’alliance à un peuple élu de son cœur. Ils n’en ont pas fait grand chose de positif, ni ceux à qui ils l’ont prêté, à tel point qu’on la perdue et qu’il serait très aventureux de se mettre à sa recherche. Nettement plus moderne, la double arche de Mac Donald est elle une arche d’aliénation polythéiste, créant une accoutumance aux deux Dieux KK, à savoir Kapital et Kolestérol.

Espoirs à lavements
Mais ainsi va la vie. Les sbires du colosse de Rodez tenteront-ils un démontage (2) ?  Cela pourrait lui faire plus de publicité qu’autre chose. Une crue du Lot serait plus radicale. C’est d’ailleurs ce que le Ronald semble le plus redouter, réclamant un engagement de la mairie sur des eaux-basses, encore des eaux-basses, toujours des eaux-basses, maxi leurre cynique d’un menton fuyant se prenant pour le maxillaire lyrique d’un Danton percutant. Moi, le Mac Donald je le préfère en guerrier à Stirling, Falkirk ou Culloden occupé à claymoriser des anglais, plutôt qu’en clown tragique et anglo-saxon occupé à sodamiser (remplir de soda) les descendants de Lafayette. Que faire ? Résister ! Comment ? En allant se restaurer dans des lieux dignes, se régaler de produits du terroir, se précipiter quitte à s’agglutiner là ou on mange bien et sain, dans le 32eme département de France par exemple, réputé pour ses foies gras. Si les gens bourrent Gers, nous obtiendrons par répercussion, des Macs si bêtes off.

Lozérix - Mac Artiste au tartan taquin



(1) Consuelo Velazquez,  à écouter ici.
(2) Démontage du Mac Donald de Millau, le 12 aout 1989


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